Le
mardi 23 décembre 1997,
25
Indiens massacrés au Chiapas par des paramilitaires
liés au pouvoir
par André Birukoff
MEXICO, 23 déc (AFP) - Vingt-cinq Indiens ont
été massacrés au Chiapas - bastion de
la guérilla zapatiste - lors d'une violente attaque
de paramilitaires du Parti Institutionnel
Révolutionnaire (PRI, au pouvoir) compliquant ainsi
une reprise du dialogue entre la guérilla et les
autorités.
Cette attaque - la plus violente
réalisée par des paramilitaires depuis
l'apparition en janvier 1994 de la guérilla zapatiste
- a eu lieu lundi à l'intérieur d'une
école et d'une église dans la localité
de Chenalho proche de San Cristobal (à 1200 km au
sud-est de Mexico), a annoncé mardi le vicaire du
diocèse de San Cristobal, Gonzalo Ituarte
précisant qu'il y avait également "un nombre
indéterminé de blessés".
"Neuf membres de ma famille ont été
tués", a raconté à la radio
privée Info-Red, Ernesto Mendes un Indien tzotzile,
témoin du massacre. "Les "priistes" (membres du PRI)
sont arrivés et ont commencé à tirer.
Ca a duré plus de cinq heures, ça
n'arrêtait pas, ça n'arrêtait pas",
a-t-il ajouté.
Le vicaire Gonzalo Ituarte a également
rapporté des scènes d'horreur indiquant
notamment qu'il avait vu "des femmes abattues avec leurs
enfants rampant sur leurs cadavres".
Les victimes, des Indiens tzotziles, appartenant à
un groupe pacifiste, s'étaient réfugiés
depuis quelques jours dans la localité d'Atenal,
à 50 km de San Cristobal, après avoir
reçu des menaces de mort, selon Gonzalo Ituarte qui a
reproché aux forces de l'ordre de n'être pas
intervenues alors qu'elles étaient présentes
sur les lieux du massacre.
De son côté, l'évêque de San
Cristobal, Samuel Ruiz, principal négociateur entre
la guérilla et le gouvernement pour le conflit du
Chiapas, et qui récemment a mis en garde contre un
possible "bain de sang" dans la région, a lui aussi
accusé les autorités de laxisme.
"Ce massacre, a-t-il dit, était une action
violente annoncée". "Dans cette guerre, contrairement
à ce qui se passe dans les autres conflits, il n'y a
pas de trève de Noël", a-t-il ajouté.
Pour leur part, les autorités ont observé
un profil bas et le procureur du Chiapas, Marco Antonio
Besares, tout en confirmant que des actes de violence
avaient eu lieu, s'est contenté d'indiquer qu'il ne
disposait pas de données précises.
Depuis plusieurs semaines des paramilitaires du PRI
pourchassent des groupes d'Indiens du Chiapas
soupçonnés de sympathiser avec la
guérilla de l'EZLN (Armée Zapatiste de
Libération Nationale), dirigée par le
sous-commandant Marcos.
Fin novembre dernier la situation s'est brusquement
tendue quand des paramilitaires ont assassiné six
sympathisants de la guérilla et incendié
plusieurs demeures d'Indiens zapatistes.
Ces actions punitives ont même provoqué un
début d'exode d'Indiens victimes de la violence des
paramilitaires et près d'un millier d'entre eux ont
fui les principales zones de conflits.
La dernière attaque des paramilitaires du PRI
complique sérieusement, selon les analystes, une
éventuelle reprise du dialogue entre les zapatistes
et le gouvernement alors que depuis un an les discussions
sont dans l'impasse, les autorités refusant en
particulier de céder à une demande de l'EZLN
d'obtenir l'autonomie pour les communautés indiennes
du Chiapas.
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Chiapas-Plus de 40 morts
dans une offensive paramilitaire
MEXICO, 23 décembre, Reuters - Des unités
paramilitaires mexicaines ont tué plus de quarante
Indiens dans l'Etat méridional du Chiapas, au cours
d'une violente attaque qui a également fait une
trentaine de blessés, ont rapporté mardi
responsables et dirigeants locaux.
"C'est un massacre injustifiable, il faut que quelqu'un
intervienne", a déclaré Patricia Marina, du
Centre Bartholomé de Las Casas pour les droits de
l'homme.
Selon des témoins, les paramilitaires ont
attaqué des Indiens lundi vers midi dans la
localité d'Acteal, à 70 km environ au nord de
San Cristobal de las Casas, la capitale de l'Etat, ouvrant
le feu à l'aveuglette sur les hommes, les femmes et
les enfants.
Qualifiant les événements de tragiques, le
procureur général du Chiapas, Marco Antonio
Bezares, a dit à la radio nationale que l'on faisait
état de plus de quarante morts.
Un dirigeant autochtone, Manuel Perez Vasquez, a
déclaré à Reuters que l'on
déplorait 43 morts et de nombreux blessés.
D'après certaines informations, les Indiens
prenaient part à une messe quand l'attaque a eu lieu,
et beaucoup ont cherché refuge dans des écoles
ainsi que dans une église.
"C'est le massacre le plus épouvantable qu'on ait
commis au Chiapas depuis le soulèvement de 1994", a
dit Domingo Perez Palencia, président du conseil
municipal de la région rebelle de Chenalho, où
a été opérée l'attaque.
Selon des informations non confirmées, les
victimes étaient des partisans de l'Armée
zapatiste de libération nationale (EZLN), qui
s'était révélée en
déclenchant le 1er janvier 1994 une violente
insurrection contre le pouvoir central, dont le bilan
officiel est de 140 morts.
Depuis lors, des opérations paramilitaires ont eu
lieu par intermittence au Chiapas, où des
éléments armés passant pour être
appuyés par des propriétaires terriens et des
hommes politiques régionaux sont accusés de
s'en prendre aux villageois qui soutiennent l'EZLN.
Nombre d'Indiens ont déserté leurs villages
pour les hauteurs du nord de l'Etat au risque de s'exposer
à la faim et aux maladies. Certains n'excluent pas
que les victimes de l'attaque de lundi soient des partisans
du mouvement zapatiste ayant déjà fui des
violences ailleurs au Chiapas.
Des témoins ont parlé d'un spectacle
"dantesque" à l'Hôpital de la Salubridad de San
Cristobal, débordé par un afflux de femmes et
d'enfants blessés et hurlants.
"C'est outrageant, je ne sais pas combien de morts il y
aura encore dans cette guerre", a déclaré le
père Gonzalo Ituarte Icario, secrétaire de la
Commission nationale de médiation du gouvernement
mexicain.
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Des
paramilitaires massacrent au moins 45 Indiens au
Chiapas
par Jesus Ramirez
MEXICO, 23 décembre, Reuters - La Croix-Rouge
mexicaine a annoncé mardi qu'au moins 45 Indiens,
essentiellement des femmes et des enfants, avaient
été massacrés la veille par des
unités paramilitaires dans la province
méridionale du Chiapas.
Selon des témoins, les paramilitaires ont fait
irruption lundi vers midi dans la localité d'Acteal,
à 70 km environ au nord de San Cristobal de Las
Casas, la capitale de l'Etat, ouvrant le feu à
l'aveuglette sur les hommes, les femmes et les enfants.
Mauricio Rosas, président de la Croix-Rouge dans
la capitale chiapanèque a déclaré
à Reuters que l'attaque avait aussi fait des dizaines
de blessés.
Les équipes de la Croix-Rouge "ont quitté
Acteal à 04h00 du matin en emmenant 45 corps, ceux de
neuf hommes, 21 femmes, 14 enfants et un
bébé", a-t-il dit au téléphone.
"C'est une véritable tragédie."
Les organismes de défense des droits de l'homme,
les organisations non gouvernementales et l'Eglise ont
unanimement condamné cette tuerie.
"C'est un massacre injustifiable, il faut que quelqu'un
intervienne", a déclaré Patricia Marina, du
Centre Bartholomé de Las Casas pour les droits de
l'homme.
"C'est outrageant, je ne sais pas combien de morts il y
aura encore dans cette guerre", a dit pour sa part le
père Gonzalo Ituarte Icario, secrétaire de la
Commission nationale de médiation.
Greenpeace a envoyé une lettre au président
mexicain Ernesto Zedillo dans laquelle l'organisation se dit
"indignée par le sang versé. Nous sommes
indignés par l'impunité des groupes
paramilitaires. Nous sommes indignés par la crainte
de reconnaître les droits des populations
indigènes".
Le porte-parole du président Zedillo, Fernando
Lerdo de Tejada a déclaré que celui-ci
"rejetait complètement et absolument ce type de
violence". "Le gouvernement fédéral ordonnera
une enquête complète et approfondie sur les
événements et les responsables seront punis",
a-t-il dit au téléphone à Reuters.
Ernesto Zedillo voit également dans ce massacre
une "raison profondément triste" pour reprendre aussi
vite que possible les pourparlers entre le gouvernement et
les rebelles de l'Armée zapatiste de
libération nationale (EZLN), visés par le
massacre, ajoute-t-il.
Le PRI au pouvoir mis en cause
D'après certaines informations, les Indiens
assistaient à une messe quand l'attaque a eu lieu, et
beaucoup ont cherché refuge dans des écoles
ainsi que dans une église.
"C'est le massacre le plus épouvantable qu'on ait
commis au Chiapas depuis le soulèvement de 1994", a
dit Domingo Perez Palencia, président du conseil
municipal de la région rebelle de Chenalho, où
a été opérée l'attaque.
Selon des informations non confirmées, les
victimes étaient des partisans de l'EZLN, qui
s'était révélée en
déclenchant le 1er janvier 1994 une violente
insurrection contre le pouvoir central, dont le bilan
officiel est de 140 morts.
Depuis lors, des opérations paramilitaires ont eu
lieu par intermittence au Chiapas, où des
éléments armés passant pour être
appuyés par des propriétaires terriens et des
hommes politiques régionaux du Parti
révolutionnaire institutionnel (PRI) au pouvoir sont
accusés de s'en prendre aux villageois qui
soutiennent l'EZLN.
Le président national du PRI, Mariano Palacios
Alcocer a nié toute implication de son parti dans le
massacre, critiquant les "expications simplistes"
données à celui-ci.
Mais le Front mexicain pour les droits de l'homme a
estimé que le gouvernement régional du
Chiapas, aux mains du PRI, devrait être jugé
pour toutes les violences commises dans cet Etat.
Et le Parti de la révolution démocratique
(PRD), première formation d'opposition, a
estimé que cette tuerie démontrait l'urgence
d'une reprise en main par Zedillo des dirigeants
régionaux de son Parti.
Nombre d'Indiens ont déserté leurs villages
pour les hauteurs du nord de l'Etat au risque de s'exposer
à la faim et aux maladies. Certains n'excluent pas
que les victimes de l'attaque de lundi soient des partisans
du mouvement zapatiste ayant déjà fui des
violences ailleurs au Chiapas.
Des témoins ont parlé d'un spectacle
"dantesque" à l'Hôpital de la Salubridad de San
Cristobal, débordé par un afflux de femmes et
d'enfants blessés et hurlants.
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