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Massacre des Indiens Chiapas

d'aprés les dépêches Agence France Presse et Reuters
du 10 au 19 janvier 1998


Le samedi 10 janvier 1998,

Le lundi 12 janvier 1998,

Le mardi 13 janvier 1998,

Le vendredi 16 janvier 1998,

Le dimance 18 janvier 1998,

Le lundi 19 janvier 1998,


Le samedi 10 janvier 1998,

Polémique autour du rôle de l'Eglise au Chiapas

André BIRUKOFF

MEXICO, 1O jan (AFP) - Le rôle de l'Eglise dans le conflit du Chiapas (sud du Mexique) fait à nouveau l'objet d'une vive polémique après que l'armée eut accusé l'évêque Samuel Ruiz, le très controversé médiateur entre les autorités et les zapatistes, d'être lié à la guerilla.

"Pour nous il ne fait aucun doute que Samuel Ruiz est lié à l'EZLN", l'Armée Zapatiste de Libération Nationale du sous-commandant Marcos, a déclaré sans ambages le général José Gomez Salazar commandant de la 7ème région militaire après une saisie effectuée vendredi soir par l'armée au Chiapas, la première concernant des livres religieux depuis le début du conflit le 1er janvier 1994.

Au cours de cette perquisition un livre de l'évêque Ruiz "Pour le bien de Jesus Christ, mes frères", apparemment considéré comme subversif par les militaires, a été découvert avec des armes supposées faire partie d'un arsenal zapatiste.

L'accusation du général Salazar contre l'évêque Ruiz alors que la tension au Chiapas reste vive près de trois semaines après le massacre par des paramilitaires le 22 décembre de 45 Indiens tzotziles (descendants des Mayas) près de San Cristobal (à 1.200 km au sud-est de Mexico), a aussitôt provoqué un véritable tollé.

Le général a même du très vite revenir sur ses déclarations affirmant qu'elles n'engageaient que lui tandis que le nouveau ministre de l'Intérieur, Francisco Labastida, considéré comme un homme de dialogue, est monté au créneau pour déclarer : "je considère pour ma part que l'évêque peut être un facteur de solution au Chiapas".

Reconnaissant l'existence au sein du pouvoir d'un secteur opposé au dialogue avec la guerilla, le ministre a ajouté qu'à son avis, "la majorité des fonctionnaires de l'Etat est favorable à un règlement".

Faisant écho aux déclarations de M. Labastida, un sénateur du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI, au pouvoir depuis près de 70 ans), Pablo Salazar, a estimé "absurde" la thèse de l'évêque subversif en ajoutant qu'elle risquait de "créer un climat de plus grande confrontation" au Chiapas.

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Le lundi 12 janvier 1998,

Le chef de la guérilla dénonce les "mensonges" du gouvernement

SAN CRISTOBAL (Mexique), 12 jan (AFP) - Le chef de la guérilla zapatiste, le sous-commandant Marcos, a accusé le gouvernement mexicain de "poursuivre sa stratégie de mensonges, trahisons et assassinats" près de trois semaines après le massacre de 45 Indiens au Chiapas (sud du pays).

"Face aux exigences mondiales de justice, le gouvernement répond comme si rien ne s'était passé", a affirmé le sous-commandant Marcos dans un communiqué parvenu lundi à l'AFP.

"Ce n'est un secret pour personne que le 22 décembre 1997 le gouvernement a ordonné d'assassiner 45 enfants, femmes et hommes", à Acteal près de San Cristobal (1.200 km au sud-est de Mexico), a ajouté le chef des guérilleros de l'EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale).

Des paramilitaires liés au Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI, au pouvoir depuis près de 70 ans) ont été rendus responsables du massacre d'Acteal.

Cette tuerie a provoqué une vive émotion à l'étranger et plusieurs pays dont les Etats-Unis sont intervenus officiellement auprès des autorités mexicaines pour réclamer un chatiment rapide des coupables.

Le massacre d'Acteal "est un symbole d'une manière de gouverner et qui consiste à simuler la paix pour faire la guerre, à simuler le dialogue en préparant la trahison, à promettre une solution pacifique tout en assassinant des innocents", a affirmé le sous-commandant Marcos.

Dans de précédents communiqués, le chef suprême de la guérilla avait rendu les autorités, le président Ernesto Zedillo en tête, responsables du massacre d'Acteal et avait estimé que le dialogue avec la guérilla était désormais "brisé", semblant ainsi indiquer qu'une reprise des discussions n'était pas envisageable à court terme.

Les discussions entre la guérilla et le gouvernement sont interrompues depuis plus d'un an, les autorités refusant en particulier d'accéder à une exigence de la guérilla d'obtenir l'autonomie pour les populations indiennes du Chiapas.

Par ailleurs, la police du Chiapas a fait feu lundi sur des manifestants indiens zapatistes, en blessant trois dont un grièvement, a-t-on appris de source officielle locale.

C'est la première fois que la police ouvre le feu contre des zapatistes depuis le massacre d'Acteal.

La police a ouvert le feu après que des manifestants, réunis à l'appel du chef de la guérilla de l'EZLN, eurent lancé des pierres contre les forces de l'ordre. Les manifestants réclamaient le départ de la police.

Trois personnes ont été blessées, dont une femme gravement touchée, un homme et un enfant, selon un porte-parole de la municipalité d'Ocosingo, près de San Cristobal.

Après les coups de feu, le calme était toutefois revenu à Ocosingo, selon la même source.

Ocosingo avait été le théâtre d'affrontements ayant fait un mort lors du soulèvement armé de l'EZLN le 1er janvier 1994.

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Le mardi 13 janvier 1998,

La tension s'aggrave au Chiapas où la police tire sur des Zapatistes

André BIRUKOFF

MEXICO, 13 jan (AFP) - Près de trois semaines après le massacre dans la région du Chiapas (sud) de 45 Indiens par des paramilitaires, la tension s'est brusquement aggravée lundi quand la police a ouvert le feu, à Ocosingo, dans cette même région, contre des manifestants zapatistes, faisant trois blessés.

La police de cette localité, située près de San Cristobal (à 1200 km au sud-est de la capitale) a ouvert le feu contre des manifestants zapatistes, réunis à l'appel du leader de la rébellion de l'Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN), le sous-commandant Marcos, pour protester contre le massacre le 22 décembre dernier des 45 Indiens tzotziles à Acteal (à quelque 50 km de San Cristobal).

Selon un porte parole de la municipalité d'Ocosingo, trois personnes, un homme, une femme et enfant ont été blessés, la femme ayant été gravement touchée. La police a ouvert le feu quand les manifestants ont lancé des pierres en direction des forces de l'ordre, dont ils réclamaient le départ.

Même si, selon le porte parole de la municipalité d'Ocosingo, le calme était revenu dans la ville en fin d'après-midi, l'intervention musclé de la police dans cette localité risquait, selon les observateurs, de tendre encore la situation au Chiapas.

Depuis le massacre d'Acteal, c'est la première fois que la police ouvre le feu sur des sympathisants zapatistes tandis que de son côté l'armée a considérablement renforcé sa présence dans la région, ses effectifs étant actuellement évalués à quelque 30.000 hommes.

Les heurts d'Ocosingo sont intervenus alors que des manifestations de protestation contre le massacre d'Acteal étaient également prévues lundi soir dans plusieurs villes du Mexique et en particulier dans la capitale.

A Mexico, la manifestation devait commencer en fin de soirée (heure locale) et les protestataires devaient se rendre de l'"Ange de l'Indépendance", monument célébrant l'indépendance du Mexique, situé sur l'une des principales artères de la capitale, jusqu'au "Zocalo", le centre historique, face au Palais présidentiel. Plusieurs dizaines de milliers de personnes étaient attendues dans les rues du centre de la ville, à l'appel de nombreuses organisations et partis d'opposition.

Le nouveau ministre de l'Intérieur, Francisco Labastida, qui n'a pas écarté la possibilité d'une rencontre avec le sous-commandant Marcos, devait de son côté présenter dans la soirée un nouveau plan en vue du réglement politique du conflit au Chiapas.

Cette nouvelle initiative du gouvernement ferait suite à un appel du principal médiateur entre les autorités et la guérilla du Chiapas, Mgr Samuel Ruiz, en faveur d'un arrêt des opérations militaires dans la région.

L'intervention de la police à Oconsingo a coïncidé d'autre part avec la diffusion d'un communiqué du sous-commandant Marcos, dans lequel le chef de la guérilla accuse le gouvernement de "poursuivre sa stratégie de mensonges, trahisons et assassinats" après le massacre d'Acteal.

Ocosingo avait été lors de l'apparition de l'EZLN le 1er janvier 1994 le théatre de sérieux affrontements entre l'armée et les guérilleros zapatistes, avec un bilan de plusieurs dizaines de morts (bien: plusieurs dizaines).

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Le pouvoir du président Zedillo soumis à la pression de la rue

André BIRUKOFF

MEXICO, 13 jan (AFP) - Le gouvernement du président Ernesto Zedillo a subi lundi soir la pression de la rue avec plus de 100.000 manifestants défilant dans le centre de Mexico pour protester contre le massacre de 45 Indiens au Chiapas (sud du pays) et critiquer vivement la politique des autorités.

Ce rassemblement, le premier organisé dans la capitale depuis le massacre d'Acteal près de San Cristobal (à 1.200 km au sud-est de Mexico) il y a près de trois semaine a été, selon les observateurs, l'un des plus importants depuis l'apparition au Chiapas le 1er janvier 1994 de la guerilla de l'EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale).

Il est intervenu alors qu'au Chiapas la tension s'est considérablement aggravée la police ayant mortellement blessé une Indienne et blessé deux autres personnes dont un enfant, en tirant sur des manifestants zapatistes, réunis à Ocosingo (près de San Cristobal) à l'appel du chef suprême de la guérilla, le sous-commandant Marcos.

Quelque heures après, 100.000 personnes, selon les organisateurs de la manifestation, ont défilé dans la centre de Mexico réclamant la fin de la présence militaire au Chiapas, et la reprise du dialogue entre les autorités et les zapatistes, interrompu depuis plus d'un an.

Au cri de "Zedillo assassin de femmes et d'enfants" un flot de manifestants rarement vu dans la capitale et reprenant en coeur le slogan zapatiste "Ya basta!" (maintenant ça suffit) ont défilé pendant plus de quatre heures pour se réunir en fin de manifestation sur la place du "Zocalo", le centre historique de Mexico, face au Palais présidentiel.

Les protestataires, parmi lesquels des Indiens, très applaudis par les passants, tenaient des cierges et des fleurs tandis que d'autres brandissaient des pancartes critiquant vivement l'action du gouvernement au Chiapas.

De nombreux manifestants agitaient aussi les drapeaux jaunes frappés du soleil noir aztèque du principal parti de l'opposition de gauche, le Parti de la Révolution Démocratique, formation à laquelle appartient le nouveau gouverneur de la capitale, Cuauhtémoc Cardenas.

Des manifestations du même genre ont eu lieu dans plusieurs villes de provinces, et notamment à Puebla (120 km à l'est de Mexico) et à Veracruz, le grand port du Golfe du Mexique (à quelque 400 km au nord-est de la capitale).

Depuis le massacre d'Acteal, attribué à des paramilitaires liés au Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI, au pouvoir depuis près de 70 ans), c'est la première fois que les autorités se trouvent ainsi directement interpellés par la population pour n'avoir pas réussi en quatre ans à résoudre le problème du Chiapas.

Les diverses manifestations de lundi, selon les analystes, représentent un soutien apréciable pour le sous-commandant Marcos au moment où ses guérilleros sont entièrement encerclés par l'armée dont les effectifs sont actuellement évalués au Chiapas à quelque 30.000 hommes.

Les rassemblements sont intervenus alors que le nouveau ministre de l'Intérieur, Francisco Labastida, a annoncé la nomination d'un nouveau coordinateur pour le dialogue avec les rebelles, Emilio Rabassa Gamboa en remplacement de Pedro Joaquin Coldwell.

M. Labastida, aussitôt après sa prise de fonction il y a dix jours, n'avait pas écarté l'éventualité d'un face à face avec le sous-commandant Marcos.

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Tirs contre des manifestants au Chiapas, un mort

OCOSINGO (Mexique), 12 janvier, Reuters - La police mexicaine a ouvert le feu contre des manifestants qui jetaient des pierres, lundi au Chiapas, tuant une femme et blessant sa fillette de trois ans. * Les autorités fédérales ont immédiatement ordonné une enquête de l'armée et des soldats ont arrêté un responsable de la police et 26 de ses hommes.

Les violences ont éclaté à Ocosingo, une petite ville à 800 km au sud-est de Mexico, au cours d'une journée internationale de protestation contre le massacre, la semaine de Noël au Chiapas, de 45 réfugiés indiens par des unités paramilitaires.

Des dizaines de milliers de manifestants ont envahi le boulevard principal de Mexico pour condamner le massacre du 22 décembre.

Des manifestations plus petites se sont déroulées en Espagne, en Italie et en Suisse.

Le même jour, le gouvernement mexicain a limogé son négociateur en chef au Chiapas, Pedro Joaquin Coldwell, auquel ses supérieurs reprochent d'avoir déclaré ce week-end que le gouvernement est "dépassé" par les événements au Chiapas et que le massacre du 22 décembre relève d'une crise nationale et non d'un simple accrochage local.

Un technocrate du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, au pouvoir), Emilio Rabasa, sera chargé de le remplacer pour relancer les négociations avec les rebelles zapatistes, dans l'impasse depuis septembre 1996, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Francisco Labastida.

Un grand nombre des 46 suspects arrêtés dans le cadre de l'enquête sur le massacre appartiennent au PRI.

Le gouverneur du Chiapas, Julio Cesar Ruiz, accusé d'avoir été courant du projet de massacre et de n'avoir rien fait pour le prévenir, a démissionné récemment, tout comme le prédécesseur de Labastida à l'Intérieur, Julio Cesar Ruiz.

Un film tourné lundi à Ocosingo par la chaîne de télévision TV Azteca montre un camion transportant des agents de la sécurité de l'Etat du Chiapas bombardé de pierres par des manifestants.

Les agents ont d'abord tiré en l'air et ont tenté de fuir à bord de leur camion. Mais alors que les pierres continuaient de pleuvoir, ils ont tiré sur le petit groupe de manifestants, tuant une femme du nom de Guadalupe Mendez, touchée au ventre, et blessant sa petite fille, a dit à Reuters un porte-parole de la ville d'Ocosingo.

Une troisième personne non identifiée a été touchée et blessée.

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Des zapatistes réclament le châtiment des policiers qui ont tiré à Ocosingo

Antonio ORTEGA

OCOSINGO (Mexique), 13 jan (AFP) - Plus de 1.00O Indiens, sympathisants zapatistes, ont manifesté mardi à Ocosingo, près de San Cristobal (1.200 km au sud-est de Mexico), pour réclamer le châtiment des policiers qui ont tiré la veille sur des manifestants, tuant une Indienne de 25 ans.

Venus de divers villages contrôlées par la guérilla de l'Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) du "sous-commandant" Marcos, les manifestants ont également réclamé l'arrêt des contrôles militaires dans leurs villages.

La veille, lors d'une manifestation organisée à l'appel du "sous-commandant" Marcos, la police a ouvert le feu sur quelque 500 protestataires zapatistes qui avaient lancé des pierres contre les forces de l'ordre.

Les manifestants protestaient contre le massacre le 22 décembre dernier de 45 Indiens tzotziles à Acteal, près de San Cristobal, par des paramilitaires liés au Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI, au pouvoir depuis près de 70 ans).

Une Indienne de 25 ans, Guadalupe Mendez, a été tuée d'une balle dans l'estomac, tandis qu'une fillette et un homme ont été blessés.

Aussitôt après, l'armée mexicaine a arrêté 27 policiers, dont un officier, pour avoir réprimé sans ménagement la manifestation pro-zapatiste.

Des sympathisants zapatistes devaient organiser dans la journée de lundi une caravane jusqu'à Altamirano, un autre village contrôlé par l'EZLN à une dizaine de km au sud d'Ocosingo, où devait être enterrée Guadalupe Mendez.

De son côté, le conseil municipal d'Ocosingo, formé de représentants de divers partis, a envoyé une lettre au nouveau ministre de l'Intérieur, Francisco Labastida, lui demandant de châtier "ceux qui ont tiré avec des armes de gros calibre contre des manifestants qui avaient seulement demandé aux policiers de retirer un poste de contrôle".

"La police doit retirer immédiatement ses effectifs qui, loin de protéger la population, la menacent et l'agressent", a ajouté le conseil municipal. Il a exigé que "l'armée mette fin à ses perquisitions dans les villages indiens, ces opérations créant un climat de tension au sein de la population qui sympathise avec la guérilla".

Les autorités d'Ocosingo ont également demandé au gouvernement de "démanteler les groupes paramilitaires et d'enquêter sur ceux qui les ont créés".

L'intervention musclée de la police, lundi à Ocosingo, a considérablement accru la tension au Chiapas où, depuis le massacre d'Acteal, l'armée, qui dispose d'environ 30.000 hommes dans la région, a encerclé la guérilla du "sous-commandant" Marcos.

Quelques heures après la manifestation d'Ocosingo, plus de 100.000 personnes ont défilé dans le centre de Mexico, protestant contre la tuerie d'Acteal et critiquant la politique du gouvernement au Chiapas.

Les négociations entre les autorités et les zapatistes sont interrompues depuis plus d'un an, le gouvernement refusant d'accéder à une demande de la guérilla d'obtenir l'autonomie pour les populations indiennes du Chiapas.

Le rassemblement de Mexico, considéré comme un soutien important au mouvement du "sous-commandant" Marcos, a été, selon les observateurs, l'un des plus importants jamais réalisés depuis le début du conflit en janvier 1994.

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Le vendredi 16 janvier 1998,

Les zapatistes affirment être prêts à risposter en cas d'attaque

André BIRUKOFF

MEXICO, 16 jan (AFP) - Les zapatistes ont affirmé être prêts à riposter en cas d'attaque de l'armée tandis que L'Eglise catholique au Chiapas (sud du pays) est intervenue auprès du gouvernement du président Ernesto Zedillo en faveur d'une réduction de la présence militaire dans la région.

"Nous ne sommes pas disposés à nous rendre, ni à nous laisser frapper impunément", a affirmé le chef de la guérilla zapatiste, le sous commandant Marcos, dans un communiqué rendu public jeudi soir laissant ainsi planer la menace d'éventuelles représailles de son mouvement en cas d'attaque militaire.

"Le gouvernement ne cherche pas la paix, il veut gagner du temps. Son objectif est de simuler une possible solution au conflit", a ajouté le chef de l'EZLN (Armée zapatiste de libération nationale) en estimant que "quand les choses auront repris leur cours à nouveau viendront les coups et les intimidations pour obtenir la reddition" de la guérilla.

Le communiqué du sous-commandant Marcos est intervenu alors que l'Eglise catholique du Chiapas s'est inquiété elle aussi du renforcement de la présence militaire dans la région.

Après le massacre de 45 Indiens à Acteal près de San Cristobal (1.200 km au sud-est de Mexico) les effectifs de l'armée ont été accrus. Ils sont évalués actuellement à quelque 30.000 soldats alors que le sous-commandant Marcos ne disposerait que de 2.000 à 3.000 hommes.

Représentée au Chiapas par les évêques Samuel Ruiz, Raul Vera, Felipe Arisméndi et Felipe Aguirre Franci, l'Eglise a demandé au nouveau ministre de l'Intérieur, Francisco Labastida, "une diminution importante des effectifs militaires comme un signal de la volonté du gouvernement de rétablir la paix".

A l'étranger des préoccupations semblables ont été formulées notamment par le Parlement européen qui a demandé la "démilitarisation du Chiapas" et l'intégration du la guérilla de l'EZLN (Armée Zapatiste de Libération Nationale) à la vie politique mexicaine.

De même, l'envoyé spécial du président Bill Clinton pour l'Amérique Latine, Thomas McLarty, en viste au Mexique, a fait part de "la grande préoccupation" de son pays en ajoutant que les Etat-Unis souhaitent "la reprise du dialogue constructif" entre les autorités et la guérilla.

La Féderation internationale des droits de l'Homme (FIDH) a, de son côté, appelé le Parlement européen à surseoir à la ratification de l'accord de partenariat économique entre l'Union européenne et le Mexique tant que ce pays ne respectera pas les droits de l'Homme au Chiapas.

Même si après le massacre d'Acteal les autorités ont affirmé à plusieurs reprises vouloir relancer le plus vite possible le dialogue avec la guérilla, aucun plan concret n'a été proposé et jusqu'à présent le gouvernement s'est limité à des changements de personnes parmi les responsables du dossier du Chiapas.

Cette attitude d'attente des autorités explique sans doute la grande méfiance dont continue de faire preuve le sous-commandant Marcos à l'égard des intentions du gouvernement.

"Qui gouverne réellement ce pays ?", s'est même interrogé le chef de la guérilla dans son dernier communiqué, estimant que l'armée bénéficiait désormais d'une grande liberté de manoeuvre.

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Le dimance 18 janvier 1998,

La situation au Chiapas est plus que critique, selon des témoignages

Antonio ORTEGA

SAN CRISTOBAL (Mexique), 18 jan (AFP) - La situation politique dans l'Etat du Chiapas (sud) est très grave et menace de déboucher sur des affrontements armés généralisés, selon des défenseurs des droits de l'homme et des représentants de partis politiques de la gauche italiene.

Emilio Rabasa Gamboa, nommé la semaine dernière nouveau coordinateur pour le dialogue et la négociation dans l'Etat du Chiapas, se trouvait cette fin de semaine pour la première fois au Chiapas. Arrivé samedi dans la capitale de l'Etat, Tuxtla Gutierrez, pour rencontrer notamment le gouverneur Roberto Albores, il devait se rendre dimanche à San Cristobal (à 1.200 km au sud-est de Mexico), où il s'entretiendra avec l'evêque Samuel Ruiz.

Samedi, Mariclaire Acosta, présidente de la Commission mexicaine de défense des droits de l'homme (CMDPDH), a déclaré au cours d'une conférence de presse à San Cristobal, qu'au Chiapas il existe "une rupture totale de la légalité, avec des bandes armées et une insurrection armée". Soit, selon elle, une situation où "le tissus social est rompu".

Non seulement le massacre d'Acteal, le 22 décembre (45 morts), mais aussi l'action de la police de l'Etat du Chiapas, qui a tiré sur des manifestants zapatistes le 12 janvier, à Ocosingo, faisant un mort et deux blessés, préfigure une situation de "plus grande violence", a ajouté Mme Acosta.

Pour elle, c'est le gouvernement qui cherche à rompre la légalité et dans cette nouvelle génération de violence surgit le risque d'une "guerre, qui ne sera plus seulement une guerre entre l'EZLN (Armée zapatiste de libération nationale) et l'armée, mais aussi une guerre entre les communautés".

Elle a estimé que les positions prises par le pouvoir ainsi que les actions militaires paraissent destinées à chercher "des heurts armés".

"Pour un pays démocratique, il s'agit d'une militarisation incroyable", ont indiqué des représentants de la gauche italienne. Cela fait plusieurs mois que l'existence de groupes paramilitaires, semblables à celui qui est accusé du massacre d'Acteal, mais aussi la présence de groupes armés de sympathisants du mouvement zapatiste, notamment dans la région de Los Altos et de la Zona Norte, ont été dénoncées.

Alfio Mocotra (Refondation communiste) et Emilio Molinari, membre de la gauche italienne ont souligné, lors de la même conférence de presse, que la situation au Chiapas pouvait se décanter par la négociation politique. Sinon, ont-ils ajouté, une intensification des affrontements conduirait à une "guerre civile".

La délégation italienne s'est entretenue vendredi avec des membres du commandement de l'EZLN, qui lui a indiqué qu'ils avaient les consignes de ne pas répliquer par les armes aux harcèlements et aux menaces des forces armées.

Le Parquet général du Mexique a assuré samedi que le massacre d'Acteal a été organisé par un sexagénaire, Antonio Vazquez Secum, qui avait regroupé autour de lui des civils de la localité de Chenalho, "pour venger la mort de son fils tué le 17 décembre dans une embuscade tendue par des habitants d'Acteal".

Cette version semble écarter toute responsabilité de l'armée, se trouvant loin du lieu de la tuerie, ce qu'a confirmé une nouvelle enquête de la Commission nationale des droits de l'homme du Mexique.

Le sous-commandant Marcos, chef du mouvement de guérilla de l'EZLN, a accusé les autorités mexicaines d'avoir promu et armé les groupes paramilitaires au Chiapas, dont le désarmement est l'une des revendications des rebelles pour reprendre les négociations de paix.

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Le lundi 19 janvier 1998,

Le nouveau négociateur pour le Chiapas propose une reprise du dialogue avec l'EZLN

SAN CRISTOBAL DE LAS CASAS (Mexique), 19 jan (AFP) - Le nouveau négociateur du gouvernement mexicain pour le Chiapas, Emilio Rabasa Gamboa, a demandé à l'EZLN (Armée Zapatiste de libération nationale) de revenir s'asseoir "le plus tôt possible" à la table des négociations, interrompues depuis septembre 1996.

Lors d'une conférence de presse tenue à San Cristobal de las Casas (à 1.200 km au sud-est de Mexico), M. Rabasa qui, es qualités, se rendait pour la première fois cette fin de semaine dans l'Etat du Chiapas, a présenté cette volonté "de revenir s'asseoir le plus tôt possible pour dialoguer" comme une "nouvelle stratégie du gouvernement".

Les discussions entre le gouvernement et les rebelles de l'EZLN, que dirige le sous-commandant Marcos sont en effet interrompues depuis plus d'un an, les autorités fédérales refusant en particulier d'accéder à une exigence de la guérilla d'obtenir, par une réforme constitutionnelle, l'autonomie des Communautés Indigènes.

Pour reprendre le dialogue, l'EZLN pour sa part, réclame, comme une des conditions, que le gouvernement dépose un projet de loi au Congrès en vue de cette réforme constitutionnelle sur la Culture et les Droits indigènes, où serait inclue l'autonomie des Communautés Indigènes. C'est le point controversé des Accords de San Andrés, tels qu'ils ont été signés en février 1996.

Selon ces accords portant sur la Culture et les Droits Indigènes, le gouvernement s'engageait à reconnaître la libre détermination et l'autonomie (sans en concéder la qualité juridique) des peuples Indiens du Mexique, soit quelque dix millions de personnes de 56 ethnies.

L'absence de dialogue entre les autorités et les zapatistes se fait d'autant plus ressentir que la région est le théâtre d'une nouvelle tension, après le massacre le 22 décembre de 45 Indiens par un groupe paramilitaire et la répression d'un rassemblement zapatiste à Ocosingo, le 12 janvier qui a fait un mort et deux blessés.

Quelques jours seulement après la tuerie d'Acteal, le leader de l'EZLN avait estimé que les autorités avaient volontairement "brisé" le dialogue avec l'EZLN. Pour lui, une reprise à court terme des discussions était pratiquement impossible. De son côté, le gouvernement annonçait qu'il allait inviter les membres de la commission législative de médiation, la Commission de Concorde et Pacification (COCOPA) à se réunir, dès le début de l'année.

Nommé par le président Zedillo comme nouveau coordinateur pour le dialogue et la négociation au Chiapas, Emilio Rabasa Gamboa a voulu rassurer indiquant qu'il "n'a jamais été question que soient renégociés les Accords de San Andrés", tout en reconnaissant qu'il manquait à ces accords la mention qu'un projet de loi sur l'autonomie serait déposé au Congrès par le gouvernement.

M. Rabasa a précisé que la nouvelle proposition complète de négociation sera faite et annoncée publiquement, dans les prochains jours, par le ministre de l'Intérieur, Francisco Labastida Ochoa, un homme généralement considéré comme plus enclin au dialogue que son prédécesseur, Emilio Chuayffet.

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