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Introduction
Dans sa longue liste des traits culturels
définissant la civilisation
mésoaméricaine à
l'époque de la conquête espagnole,
l'ethnologue Paul Kirchoff mentionne les sacrifices
humains. Cette pratique est très ancienne,
puisqu'on retrouve des traces et des indices
archéologiques, datant de 5000 ans avant
notre ère, qui témoignent de la
longue histoire du sacrifice humain en
Mésoamérique. Des Olmèques,
qui connaissaient le culte de la
tête-trophée, jusqu'aux Mayas, nombre
de civilisations préhispaniques pratiquaient
les sacrifices humains. Mais aucun peuple comme les
Aztèques n'a montré autant de
goût pour ces pratiques sanglantes. Avec eux,
le sacrifice humain devient une institution.
Les origines du sacrifice humain chez les
Aztèques
Les Aztèques, jusqu'à aujourd'hui,
ont conservé cette réputation d'un
peuple cruel et sanguinaire, lié à
leur pratique intense des sacrifices humains.
Pourtant, à bien considérer les
choses, cette cruauté n'était jamais
gratuite, au contraire de celle des jeux des
cirques romains, mais religieuse, sacrée,
voire mystique, toujours destinée au seul
plaisir des dieux. Une clef fondamentale, pour
comprendre les origines des sacrifices humains
aztèques, se trouve dans le mythe le plus
important et le plus répandu de la
mythologie mésoaméricaine : celui de
la création du soleil et de la lune. Dans
son Histoire générale des choses de
la Nouvelle-Espagne le chroniqueur espagnol
Bernardino de Sahagun transcrit ce mythe qui
raconte la création, à Tehotihuacan,
devant une assemblée divine, de la
première lumière sur le monde et
comment furent choisis le dieu Tecuciztecatl pour
être le soleil et le dieu "bubonneux"
Nanuatzin, pour être la lune. A tour de
rôle, sous le regard des autres dieux, ils
doivent se jeter dans un brasier et raconte la
légende "quand le soleil vint à se
lever, il apparut très rouge, se dandinant
d'un côté et d'un autre, et personne
ne pouvait fixer sur lui ses regards parce qu'il
aveuglait. La lune sortit en même temps que
lui également de l'Orient : d'abord le
soleil et la lune à sa suite, dans le
même ordre qu'ils étaient
entrés auparavant au foyer." Malheureusement
cette création reste inachevée, les
deux astres restent immobiles dans le ciel. Les
dieux alors désespérés se
parlèrent et dirent :"Comment pourrions-nous
vivre ainsi ? Le soleil ne bouge pas. Est-ce que
nous passerons toute notre existence entre les
indignes mortels ? Mourons tous et faisons que
notre mort donne la vie à ces astres."
Après cette discussion, les dieux consentent
à se sacrifier pour déclencher la
course du soleil et de la lune. Immolés l'un
après l'autre, ils nourriront de leurs
coeurs arrachés et de leur sang les deux
astres qui finiront par prendre vie. L'essentiel de
cette légende s'avère être dans
la phrase : "Mourons tous et faisons que notre mort
donne la vie à ces astres." Elle fournit une
explication à l'origine des sacrifices
humains chez les Aztèques qui reprirent la
légende à leur compte. Il fallait
renouveler et perpétuer le sacrifice initial
des dieux par celui des hommes. Seul le sang humain
méritait de se substituer au sang divin. Le
sacrifice humain devenait alors légitime et
même nécessaire à la bonne
continuation de l'univers. Afin d'éviter que
ce dernier ne sombre dans les
ténèbres, les humains devaient donc
continuer à alimenter l'astre solaire par
l'offrande sans cesse répétée
de leur sang et de leurs coeurs. Pour citer
l'ethnologue Christian Duverger, le sacrifice
humain apparaît comme l'archétype du
don : offrande d'un individu ou d'un groupe
d'individus, à la société
toute entière. Quant à ses origines,
Duverger avoue qu'elles restent mystérieuses
et qu'il est vain d'espérer reconstruire -
avec les données actuelles - la
genèse exacte du sacrifice humain.
L'ethnologue recense quelques hypothèses
d'origine formulées comme le sacrifice
d'animaux, les scarifications traditionnellement
pratiquées à des fins pénales
ou la singulière saignée de l'agave
par mutilation du coeur de la plante,
métaphore frappante du rite sacrifiel.
L'histoire généalogique des
sacrifices humains en Mésoamérique
reste donc à faire.
Les fonctions du sacrifice humain chez
les Aztèques
Comme nous l'avons déjà introduit,
la fonction principale du sacrifice humain chez les
Aztèques est religieuse : pour apaiser le
courroux des dieux et conjurer le malheur, les
hommes doivent nourrir les forces divines par le
sang et le coeur de leurs victimes. Les hommes sont
donc liés aux dieux par ce pacte de sang
substantiel. Ces dieux païens aux yeux des
conquérants espagnols, sont derrière
chaque événement de la vie
Aztèque. Dans une ferveur religieuse quasi
mystique, le sang coule lors de fêtes
rituelles complexes, minutieusement
préparées, toutes
dévouées aux nombreuses
divinités aztèques. "Pour honorer le
démon, rapporte Sahagun, ils faisaient
ruisseler le sang sur les temples jour et nuit,
tuant hommes et femmes devant les statues des
démons (...) Ils faisaient ruisseler le sang
devant les démons par dévotion, aux
jours signalés." Lors de ces
cérémonies chargées de sens
mais incompréhensibles pour les chroniqueurs
espagnols, où se mêlaient le son des
tambours, l'odeur des bûchers sacrés,
de l'encens et du sang répandu, l'individu
sacrifié devait correspondre à
l'image du dieu honoré. Ainsi les
Aztèques, dans une riche et magique mise en
scène, transformait le simple mortel en
image divine. Les dieux
vénérés, devenaient alors, par
cette matérialisation, accessibles et
finissaient par s'unir aux hommes, chantant et
dansant avec eux. Pour résumer cette
fonction religieuse du sacrifice humain, par leurs
croyances et leur conception du monde, les
Aztèques se trouvaient enfermés dans
une spirale sanguinaire sans fin destinée
à préserver la continuité du
cosmos. Les sacrifices humains chez les
Aztèques avaient également un
rôle politique essentiel. Prêtres et
guerriers prédominaient dans la
hiérarchie du pouvoir politique
aztèque. Ces deux groupes étaient
liés et interdépendants par le rite
du sacrifice humain. Les prêtres organisaient
la mise en scène sacrifielle, distribuant
les rôles et veillant à son bon
déroulement jusqu'au dernier acte : la mise
à mort. Quant aux guerriers, ils
pourvoyaient les autels en sacrifiés avec
leurs captifs. Le pouvoir politique passait donc
par les sacrifices humains dont les
autorités religieuses et militaires se
partageaient les responsabilités.
Par sa fonction terrifiante et intimidatrice
auprès du peuple et des étrangers -
les crânes des suppliciés
étaient exposés en permanence - les
sacrifices humains légitimaient et
assuraient le maintien du pouvoir des dirigeants.
Ils justifiaient également l'expansionnisme
aztèque avec les guerres indispensables pour
satisfaire une demande insatiable en captifs.
Christian Duverger dans son approche structuraliste
considère le sacrifice humain comme la
raison même de la puissance aztèque. A
l'instar de Jacques Soustelle qui définit le
rite sacrifiel comme : "une transmutation par
laquelle on fait de la vie avec de la mort",
Duverger voit dans cette mort sacralisée une
façon de libérer et de
récupérer l'énergie vitale
contenue dans le corps humain afin de sustenter
l'astre solaire, dévoreur d'énergie.
Cette vocation énergétique, note
Duverger, est sans issue puisqu'elle condamne les
Aztèques à une expansion
forcée et ruineuse pour se procurer ces
ressources énergétiques humaines dont
la pénurie prévisible peut provoquer
une déstabilisation de l'économie.
L'archéologue A. Demarest qui s'est
intéressé à l'ethnohistoire
des Aztèques, considère aussi le
sacrifice humain comme une cause du
développement de l'empire aztèque et
que toutes les transformations politiques
accomplies par les Aztèques reposaient sur
l'idéologie sacrifielle qui justifiait de
plus en plus la guerre ou la compétition
entre Etats.
Sacrifiés et sacrificateurs
Quelles étaient les victimes des
sacrifices aztèques ? En premier lieu, ce
sont les captifs ramenés
d'expéditions guerrières que les
Aztèques appelaient Xochiyaoyotl, "les
guerres fleuries". La raison principale de ces
combats était la capture de prisonniers afin
de pourvoir les autels en sacrifiés. Le
chroniqueur Munos Camargo témoignera dans
ces textes de ces guerres de ravissement où
la vie est plus précieuse que la mort : "Ils
attrapaient et capturaient ceux qu'ils pouvaient et
c'était là leur principal butin et
leur principale victoire : faire de nombreux
captifs pour les sacrifier à leurs idoles...
Car ils tenaient pour meilleur exploit de capturer
plutôt que de tuer." La deuxième
catégorie de victimes était les
esclaves. Les commerçants aztèques,
les potchecas, les achetaient pour les offrir en
sacrifice.C'était pour eux un moyen de
participer au pouvoir dont le sacrifice
était la démonstration. Rappelons ici
que le sacrifice restait le monopole des castes
dirigeantes. La dernière catégorie de
condamnés était ceux qui avaient
écopé du fardeau de personnifier les
dieux. Ces "images des dieux" comme les appelait
Sahagun, n'étaient pas de simples figurants
déguisés mais devenaient
eux-mêmes des divinités au milieu des
hommes. Ainsi c'était "l'image" de
Uixtocihuatl, déesse du sel, qui
était immolée ou bien encore celle de
Xilolen, la vierge-mère, déesse du
jeune maïs. Ces individus, véritables
représentations humaines des dieux,
étaient choisis selon des critères
très spécifiques. Par exemple, les
enfants que l'on sacrifiait aux dieux de la pluie
se devaient d'avoir deux tourbillons de cheveux sur
la tête et d'être nés sous un
bon signe. Qu'ils soient captifs, guerriers ou
"images des dieux", les sacrifiés
étaient la plupart du temps étrangers
à la société aztèque.
On sacrifiait avant tout "l'autre". Cette
altérité qui nourrissait les dieux et
les hommes - nous aborderons dans un autre chapitre
l'anthropophagie postsacrifielle - assurait de
conserver intactes les forces vives de l'empire
Aztèque tout en affirmant son expansion.
Dans la société
hiérarchisée aztèque, bien que
souverains, militaires et commerçants
puissent organiser des fêtes sacrifielles,
seuls les prêtres sont habilités
à tenir le rôle de sacrificateur.
Chaque prêtre portait comme titre le nom du
dieu qu'il représentait et lors des
fêtes consacrées à sa
divinité, il était choisi pour
accomplir l'exécution des victimes. Par
ailleurs, bien que les femmes ne soient pas
écartées de la profession de
prêtresse, le geste sacrifiel ultime semble
avoir été le monopole de l'homme.
Les différentes étapes du
sacrifice humain
La fête est la manifestation la plus
frappante de la violence et de la ferveur de la foi
aztèque. Elle est quasiment quotidienne et
sert de cadre au sacrifice humain qui en est sa
finalité. La foule des dieux du
panthéon aztèque explique le rythme
vertigineux des périodes festives. La
fête aztèque est un véritable
spectacle permanent, monté et offert
à la population par les castes dirigeantes.
Sahagun témoignera du faste et de
l'importance des agapes : "Le corps des esclaves
était peint de jaune et leur visage de
vermeil. Ils portaient un plumage en forme de
papillon, fait avec les plumes rouges des
perroquets. Ils tenaient dans leur main gauche un
bouclier fait de plumes blanches, avec les serres
qui pendaient. Les prisonniers étaient
peints en blanc, ornés de guirlandes de
papier, coiffés de plumes blanches." Le
marchand désireux de donner une fête
devait acheter "d'abord du maïs, des haricots,
des graines d'amarante, du chile, du sel et des
tomates, le tout en très grande
quantité. Il devait ensuite se procurer les
dindes, cent ou quatre-vingts, et les chiens, vingt
ou quarante. En plus, il devait s'approvisionner en
cacao, vingt charges ou plus, et acheter les
écuelles, les vases, les corbeilles et
toutes les autres chose nécessaires au
repas."
Ces dépenses ruineuses pour ceux qui
organisaient les festivités étaient
compensées, nous l'avons vu, par le prestige
social qui en découlait et par le fait
même de participer à la gestion du
pouvoir lié au sacrifice. La scène
où se jouait la mise en scène
sacrifielle se devait également d'être
démesurée. Des temples monolithiques
furent spécialement construits pour
accueillir les acteurs et figurants du sacrifice
humain. Les actes du rite sacrifiel
s'accomplissaient toujours dans un ordre
prédéterminé, tout
était soigneusement préparé,
rien n'était laissé au hasard. Quoi
qu'en disent les textes, qui souvent abordent le
fait d'être sacrifié comme une faveur,
voire un titre honorifique, les victimes ne
devaient pas se présenter devant leur
bourreau, le sourire aux lèvres. Sinon un
sourire d'hébété
provoqué par les nuits blanches et les
drogues de la préparation
présacrifielle. Cette préparation
avait pour but "d'anesthésier" la future
victime en l'amenant à un épuisement
physique total qui assurait aux prêtres le
consentement halluciné du supplicié
au moment de la mise à mort, et ainsi le bon
déroulement du spectacle. Diverses
méthodes étaient employées
pour enlever toute énergie aux
sacrifiés : privation de sommeil,
jeûne, danses interminables et absorption de
stupéfiants. "On les obligeait, rapporte
Sahagun, à veiller toute la nuit en chantant
et en dansant." Le prélude au sacrifice
prenait parfois une tournure érotique
lorsque la victime masculine se retrouvait
entourée de plusieurs femmes qui se devaient
d'égaler les déesses de l'amour. Le
fameux jeu de balle mésoaméricain et
autres simulacres de combats correspondent
également à la dépense
physique imposée par le sacrifice. Suite
à ces préliminaires, dont l'objectif,
rappelons-le, était de garantir une
apparente et relative sérénité
des sacrifiés, le moment fatidique arrivait
et "au milieu de la nuit, ils plaçaient les
captifs devant le feu et leur coupaient une
mèche de cheveux sur le sommet du
crâne...C'étaient les prêtres
qui sacrifiaient les captifs. Ceux qui les avaient
fait prisonnier ne les tuaient pas eux-mêmes;
ils les apportaient à titre d'offrande;
alors les prêtres s'en saisissaient, les
prenaient par les cheveux et les conduisaient au
sommet de la pyramide." (Florentine Codex, partie
3)
Par ce geste symbolique du
prélèvement de la mèche de
cheveux, le captif prenait le statut officiel
d'offrande communautaire. Son triste sort en
était jeté : "Les prêtres
déposaient le captif sur la pierre, lui
ouvraient la poitrine, lui fendaient la poitrine :
alors ils coupaient le coeur, ils cassaient les
fils du coeur..." (ibid) Le prêtre offrait
alors à la divinité du jour choisi,
le coeur sanglant et encore palpitant du captif,
puis le déposait dans un récipient
cérémoniel. Pour ce type de
sacrifice, le plus répandu chez les
Aztèques, le scénario demeurait
immuable : éventration de la poitrine
à l'aide d'un couteau de silex puis ablation
du coeur. On imagine aisément l'effroi et la
douleur de la victime quand la main du prêtre
plongeait dans ses entrailles pour en arracher le
coeur. Le nombre de sacrifiés variait selon
l'importance des festivités. Quarante
à cinquante personnes étaient
nécessaires pour une fête digne de ce
nom. L'apogée sacrifielle aztèque
semble avoir atteint un summum dans la
démesure lors de l'inauguration du Grand
Temple de Tenochtitlan avec le chiffre, selon les
textes, de 80 000 victimes en quatre jours ! Ce
nombre de sacrifiés paraît improbable,
voire impossible pour une ville de 200 000
habitants. Une estimation plus
modérée de 4000 victimes
apparaît dans d'autres textes. Mais ce
chiffre, néanmoins, n'en reste t-il pas
surprenant?
Chez les Aztèques, le sacrifice par
arrachement du coeur a une valeur doublement
symbolique. On trouve dans leur iconographie, de
nombreuses images évoquant le soleil se
nourrissant de coeurs humains. Quant au sang qui
ruisselle le long des marches de pierre, il vient
abreuver le dieu de la terre, qui elle même
nourrit les hommes. D'autres scénarios
sacrifiels aztèques existaient mais peu
usités comme la décapitation, la
crémation ou l'exécution par
flèches. La mise à mort ne
clôturait pas pour autant le spectacle
sacrifiel aztèque. Suite au meurtre rituel,
le cadavre de la victime pouvait être
décapité, écorché,
dépecé et consommé. La
décapitation postsacrifielle est
attestée par les fameux Tzompantli,
structures de bois où se trouvaient
empalés et exposés aux yeux de tous,
les nombreux crânes des suppliciés.
L'effet dissuasif était garanti. Quant
à l'écorchement, où l'on
revêtait la peau sanguinolente du
sacrifié, s'il était d'un usage plus
restreint, il n'en restait pas moins saisissant
pour ceux qui y assistaient.
L'anthropophagie semble être le dernier
acte du sacrifice humain où les dignitaires
- les gens du peuple étaient exclus de cette
pratique - se partageaient le corps de la victime.
Ce cannibalisme postsacrifiel évoque la
liturgie chrétienne, comme dans la communion
divine "chacun d'eux mangeait un petit morceau du
corps et l'on disait que c'était le coeur du
dieu Uitzilopochtli." (Sahagun)
Les conquérants espagnols et les
sacrifices humains
Les conquérants espagnols furent
horrifiés par les sacrifices humains
aztèques, dans lesquels, ils ne voyaient
qu'une perversion démoniaque et auxquels en
tant que chrétiens, ils se devaient d'y
mettre fin. Le Conquistador Anonyme écrira :
"Il est tout à fait notoire que ces gens
voyaient le diable dans ces effigies qu'ils
faisaient et qu'ils tiennent pour leurs idoles et
que le diable s'introduisait à
l'intérieur de ces idoles et de là
s'adressait à eux et leur commandait de
faire des sacrifices et de leur offrir des coeurs
humains parce qu'elles ne se nourrissaient pas
d'autre chose..."
Les Espagnols ne pouvaient comprendre la
pratique du sacrifice humain dont
l'inhumanité qu'elle représentait
pour leur esprit européen, justifiait en
même temps leurs pillages des richesses
aztèques et leur conquête sanglante et
destructrice du monde amérindien. Alors que
le sang versé par les Aztèques,
coulait non pas pour la possession de biens, mais
pour le plaisir des dieux et que le sacrifice
humain était un acte profondément
sacré dont dépendait la
continuité du cosmos.
Le silence amérindien
Entre 1492 et 1550, le monde amérindien
sera alors englouti par la conquête
espagnole. Quelques siècles plus tard, en
1936, un poète européen, Antonin
Artaud, accostera dans le port de Vera Cruz et
viendra rompre ce silence pour "suivre son
rêve d'un retour à l'empire
aztèque." (J. M. G. Le Clézio)
Le poète désespéré
prendra la défense des cultures autochtones
moribondes en écrivant : "Je suis venu au
Mexique chercher une nouvelle idée de
l'homme. Les dieux du Mexique sont les dieux de la
vie en proie à une perte de force, à
un vertige de la pensée. Oui, je crois en
une force qui dort dans la terre du Mexique. C'est
pour moi le seul lieu du monde où dorment
les forces naturelles qui peuvent être utiles
aux vivants. Je crois à la
réalité magique de ces forces, comme
on peut croire au pouvoir curatif et salutaire de
certaines eaux thermales. Je crois que les rites
indiens sont les manifestations directes de ces
forces. Je ne veux les étudier ni en tant
qu'archéologue, ni en tant qu'artiste, mais
comme un sage, au vrai sens du mot; et j'essaierai
de me laisser pénétrer en toute
conscience de leurs vertus curatives, pour le bien
de mon âme." ("Lettre Ouverte aux Gouverneurs
de l'Etat", publiée le 19 mai 1936, dans le
Nacional )
J.L.B
Source
bibliographiques
- ANAWALT, R. Patricia
- 1986 : "Les sacrifices humains chez
les Aztèques", La Recherche, no
175, volume 17, pp. 322-329
-
- DE SAHAGUN, F. B.
- 1981 : Histoire
générale des choses de la
Nouvelle-Espagne, Paris, Editions
François Maspéro.
-
- DUVERGER, Christian
- 1978 : L'esprit du jeu chez les
Aztèques, Paris, Editions
Mouton.
- 1979 : La fleur létale.
Economie du sacrifice aztèque,
Paris, Editions Le Seuil.
-
- GRAULICH, Michel
- 1983 : "Les mythes de la
création du soleil au Mexique
ancien" dans L'Ethnographie, no 89-91,
pp. 9-31.
-
- LE CLEZIO, J. M. G.
- 1988 : Le rêve mexicain,
Paris,Editions Gallimard.
-
- PETERSON, F. A.
- 1961 : Le Mexique
précolombien, Paris, Editions
Payot.
-
- SIMONI-ABBAT, M.
- 1976 : Les Aztèques,
Paris,Editions Le Seuil.
-
- SOUSTELLE, Jacques
- 1955 : La vie quotidienne des
Aztèques, Paris, Editions
Hachette.
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